Rachat de trimestres : comprendre, calculer et optimiser votre retraite
Sommaire
- Comprendre le rachat de trimestres : définition et enjeux
- Les conditions pour racheter des trimestres : études, stages et années incomplètes
- Les options de rachat et le calcul du coût : option taux seul ou option durée et taux
- Les démarches pour acheter des trimestres : simulations, formulaires et étapes
- Analyse financière : effet du rachat sur la pension de retraite et l’intérêt économique
- Régularisation d’apprentissage, aide familial et autres dispositifs spécifiques
- Fiscalité et retraite complémentaire : déduction d’impôt et effet sur l’Agirc‑Arrco
- Conclusion et conseils pratiques
- FAQ : questions fréquentes sur le rachat de trimestres
Article mis à jour le 13 août, 2025
💡 Pour les lecteurs pressés, l’essentiel en 1 minute pour votre rachat de trimestres :
Si vous n’avez pas tous vos trimestres pour une retraite à taux plein, vous pouvez racheter jusqu’à 12 trimestres (études, années incomplètes, apprentissage…) avant la liquidation de votre pension.
Options :
- Taux seul : moins cher, réduit la décote mais ne valide pas les trimestres.
- Taux + durée : plus coûteux, mais ajoute des trimestres validés et améliore le taux.
Coût indicatif 2025 (par trimestre) :
- À partir de ~1 055 € pour un jeune actif de 20 ans avec revenus modestes, option taux seul.
- Jusqu’à plus de 6 000 € pour une personne proche de la retraite, avec revenus élevés, option taux + durée.
(Exemples issus des barèmes officiels de l’Assurance Retraite – les montants s’entendent par trimestre.)
💡 Cas particuliers : rachat de trimestres de stage en entreprise possible à tarif forfaitaire réduit (environ 471 € par trimestre, dans la limite de 2 trimestres).
✔ Déductible du revenu imposable – Avant toute démarche, vérifiez vos trimestres manquants sur votre relevé de carrière.
Chaque parcours professionnel est unique. Certains salariés cumulent sans difficulté les trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein, tandis que d’autres voient leur carrière ponctuée d’études supérieures longues, de stages en entreprise, d’années à temps partiel ou d’interruptions diverses. Pour ces derniers, l’âge légal de départ ne suffit pas : il faut aussi disposer d’un nombre déterminé de trimestres d’assurance pour éviter une décote qui réduit la pension. La possibilité d’acheter ou de régulariser des périodes non cotisées – souvent appelée « rachat de trimestres » ou « versement pour la retraite » – existe depuis la loi Fillon de 2003. Elle permet, sous conditions, de transformer des périodes d’études, de stages ou d’années incomplètes en trimestres validés et de récupérer certains trimestres oubliés ou mal reportés.
Ce guide, rédigé par Albane Kuzaj experte retraite, a pour objectif de démystifier ce dispositif. Il s’adresse aux salariés du secteur privé, aux indépendants affiliés au régime général ainsi qu’aux fonctionnaires. Vous y trouverez des explications sur :
- ce que recouvrent les notions de rachat de trimestres, versement pour la retraite, régularisation de périodes travaillées et rachat de cotisations ;
- les conditions à remplir selon que vous souhaitez racheter des années d’études supérieures, des stages en entreprise, des années incomplètes ou d’autres périodes (apprentissage, aide familial agricole…) ;
- les options de rachat proposées par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et par les régimes de la fonction publique ;
- le prix du rachat et la manière dont il est calculé en fonction de votre âge, de vos revenus et du nombre de trimestres visés ;
- les démarches administratives à accomplir : formulaire d’évaluation du coût, confirmation de la demande, paiement échelonné, etc. ;
- l’impact financier de l’opération sur votre pension de base et sur votre retraite complémentaire Agirc‑Arrco, ainsi que la déductibilité fiscale des sommes versées ;
- des éclairages sur des cas particuliers comme la régularisation des périodes d’apprentissage, l’aide familial agricole ou les rachats volontaires pour les expatriés ;
- enfin, une FAQ détaillée répondra aux questions les plus fréquemment posées : combien coûte le rachat des trimestres pour la retraite ?, quelle différence entre l’option 1 et l’option 2 ?, comment déclarer le rachat des trimestres aux impôts ?, le rachat est‑il intéressant en cas de carrière longue ?.
Cet article abordera les thématiques suivantes que ce soit dans son contenu ou dans la faq:
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Comprendre le rachat de trimestres : définition et enjeux
Le rachat de trimestres désigne un dispositif qui permet à un assuré de verser volontairement des cotisations afin de faire valider des périodes qui n’ont pas donné lieu à l’acquisition de trimestres. Dans le langage de l’Assurance retraite, on parle de versement pour la retraite (VPLR). Le terme « rachat » est impropre car il ne s’agit pas de racheter des trimestres déjà acquis, mais bien d’en obtenir de nouveaux en contrepartie d’un versement.
Versement pour la retraite (études et années incomplètes)
La loi de 2003 a créé le VPLR pour permettre aux personnes de moins de 67 ans de transformer certaines périodes non cotisées en trimestres validés. Les deux principales catégories concernées sont les périodes d’études supérieures et les années civiles incomplètes. Le dispositif est accessible aux salariés, indépendants ou fonctionnaires qui n’ont pas encore liquidé leur retraite et qui souhaitent augmenter leur nombre de trimestres. Un maximum de 12 trimestres peut être racheté au titre des études et des années incomplètes. Le versement est limité à des périodes de 90 jours successifs correspondant chacune à un trimestre.
Régularisation de périodes travaillées
À côté du VPLR, la réglementation autorise la régularisation de périodes travaillées pour lesquelles les cotisations n’ont pas été versées à l’époque. Cette régularisation vise principalement les contrats d’apprentissage (voir point 6 ci‑dessous), les périodes d’aide familial agricole et d’autres situations où l’employeur a oublié de déclarer l’activité. Dans ces cas, l’assuré paie des cotisations arriérées calculées sur la rémunération qui aurait dû être soumise à cotisations, revalorisée et majorée d’un taux d’actualisation de 2,5 % par année écoulée.
Rachat de cotisations volontaires
Enfin, il existe des rachats de cotisations volontaires pour des personnes exclues de l’assurance vieillesse : travailleurs hors de France, aidants familiaux de personnes invalides, sportifs de haut niveau, rapatriés, etc. Ces rachats sont prévus par différentes lois et comportent leurs propres conditions. Ils concernent un public réduit et ne seront abordés que brièvement plus loin.
Enjeux du rachat
Le rachat a deux objectifs principaux :
- Atteindre le taux plein : la pension du régime général est calculée selon la formule Salaire annuel moyen × taux × (Durée d’assurance validée ÷ Durée d’assurance requise). Racheter des trimestres peut améliorer le taux (qui atteint 50 % pour une retraite à taux plein) en réduisant la décote appliquée lorsque l’assuré prend sa retraite avant d’avoir tous ses trimestres ou avant l’âge d’annulation de la décote (67 ans).
- Augmenter la durée d’assurance : en achetant des trimestres, on augmente le numérateur de la fraction, ce qui améliore le montant final de la pension.
Il est essentiel de comprendre que les trimestres rachetés ne sont pas considérés comme des trimestres cotisés et n’ouvrent pas droit à la retraite anticipée pour carrière longue. Seules les périodes d’apprentissage rachetées bénéficient d’un statut particulier et peuvent compter comme cotisées depuis la réforme de 2023.
Les conditions pour racheter des trimestres : études, stages et années incomplètes
Le rachat de trimestres n’est pas un droit automatique ; il obéit à des conditions strictes qui varient selon la nature des périodes à valider et le régime de retraite concerné. Nous examinerons successivement les conditions pour les années d’études supérieures, les stages en entreprise, les années incomplètes, les apprentissages et les périodes d’aide familial agricole.
Années d’études supérieures
Le rachat des années d’études supérieures s’adresse aux personnes ayant poursuivi un cycle d’études dans un établissement d’enseignement supérieur, une école technique supérieure ou une grande école, y compris les classes préparatoires. Pour être rachetable, la période doit avoir conduit à l’obtention d’un diplôme français ou étranger reconnu dans l’Espace économique européen, en Suisse ou dans un pays lié par une convention de sécurité sociale. Chaque période de 90 jours successifs est assimilée à un trimestre. Les personnes doivent être âgées d’au moins 20 ans et de moins de 67 ans au moment de la demande.
Depuis la réforme de 2014, un abattement pour jeunes actifs réduit le coût du rachat de quatre trimestres maximum parmi les douze possibles. L’abattement est de 1 000 € par trimestre pour l’option « taux et durée » et de 670 € pour l’option « taux seul ». Pour en bénéficier, la demande doit être déposée avant le 31 décembre de l’année des 40 ans de l’assuré. Il est également possible d’échelonner le paiement sur un, trois ou cinq ans.
Les fonctionnaires peuvent racheter leurs années d’études dans la limite de 12 trimestres. Le dispositif est similaire mais comporte une option supplémentaire (voir plus bas). Les demandes doivent être formulées auprès du service des retraites de l’État ou de la CNRACL selon le versant de la fonction publique.
Stages en entreprise
Les étudiants ayant effectué des stages en entreprise à partir du 15 mars 2015 dans le cadre de leurs études supérieures peuvent convertir ces périodes en trimestres. La durée minimale requise est deux mois de stage. La cotisation à verser est égale à 12 % du plafond annuel de la Sécurité sociale par trimestre racheté. Depuis septembre 2023, la demande doit être faite avant le 31 décembre de l’année des 30 ans (contre deux ans après la fin du stage auparavant) et peut porter sur un ou deux trimestres maximum. Les trimestres ainsi achetés sont comptabilisés uniquement pour atténuer la décote à l’âge légal ; ils ne sont pas pris en compte dans la durée d’assurance ni pour les carrières longues.
Années incomplètes
On parle d’année incomplète lorsque l’activité professionnelle n’a pas permis de valider quatre trimestres au cours d’une année civile. Par exemple, si vous n’avez travaillé que six mois en 2010 et que votre salaire n’a pas atteint les seuils trimestriels, vous pouvez racheter les trimestres manquants. Chaque année faisant l’objet d’un rachat doit comporter moins de quatre trimestres validés. Il est possible de racheter jusqu’à 12 trimestres au total pour les années incomplètes et les études supérieures confondues.
Les conditions générales sont identiques à celles du rachat d’études : avoir entre 20 et 67 ans, ne pas avoir liquidé sa pension et déposer la demande via un formulaire spécifique.
Pour les assistants maternels ayant travaillé entre 1975 et 1990, un barème spécifique s’applique. Le versement pour la retraite est égal, pour chaque trimestre, au produit des cotisations employeur et salarié et de 75 % de la valeur trimestrielle du plafond de la Sécurité sociale.
Apprentissage et régularisation des cotisations
Les anciens apprentis peuvent rencontrer des périodes où leurs cotisations n’ont pas permis de valider tous les trimestres correspondant à la durée de leur contrat. La régularisation consiste à verser des cotisations arriérées calculées sur la rémunération qui aurait dû être soumise à cotisation, revalorisée et actualisée. Pour les contrats d’apprentissage conclus entre juillet 1972 et fin 2013, la loi du 20 janvier 2014 a instauré un rachat à moindre coût portant sur quatre trimestres au plus. Le montant est égal, pour chaque trimestre, à la somme des cotisations employeur et salarié et de 75 % de la valeur trimestrielle du plafond de la Sécurité sociale. Depuis la réforme de 2023, ces trimestres sont considérés comme cotisés et comptent pour une retraite anticipée.
Les périodes d’apprentissage postérieures à janvier 2014 sont intégralement validées : l’assuré obtient un trimestre pour chaque mois entier d’exécution du contrat et un trimestre supplémentaire lorsque le total des jours restants atteint 90 jours. Le surcoût de validation est pris en charge par le Fonds de solidarité vieillesse.
Aide familial agricole
Les personnes ayant travaillé comme aide familial agricole peuvent régulariser des périodes d’activité postérieures au 1er juillet 1952, à condition de prouver qu’elles exerçaient chez un parent affilié à la Mutualité sociale agricole et qu’elles n’étaient pas scolarisées. La demande doit être accompagnée de témoignages et de documents justificatifs. Depuis 2009, deux tarifs existent selon que les trimestres régularisés sont pris en compte pour la durée d’assurance tous régimes ou seulement pour les régimes agricoles.
Autres catégories
Il est également possible de racheter des cotisations pour :
- les personnes qui ont exercé une activité professionnelle hors de France et qui souhaitent valider cette période au régime général ;
- celles ayant assuré les fonctions de tierce personne auprès d’une personne invalide ou infirme ;
- les rapatriés, sportifs de haut niveau et mandataires locaux pour lesquels des dispositifs spécifiques existent.
Ces cas particuliers sont moins fréquents mais peuvent permettre de régulariser des trimestres manquants.
Les options de rachat et le calcul du coût : option taux seul ou option durée et taux
Lorsque vous décidez d’acheter des trimestres, deux paramètres déterminent le coût : l’option choisie et votre âge. Le barème est publié chaque année au Journal officiel et dépend également de vos revenus. Cette section détaille les différentes options et explique comment lire les barèmes.
Option 1 : rachat pour le taux seul
L’option 1, appelée « rachat pour le taux », consiste à acheter des trimestres qui seront pris en compte uniquement pour le calcul du taux de liquidation de la pension. Autrement dit, ces trimestres servent à réduire ou à supprimer la décote qui s’appliquerait si vous partiez avec un nombre de trimestres insuffisant. Ils n’augmentent pas votre durée d’assurance validée (le numérateur de la fraction).
Cette option est la moins coûteuse. D’après le barème 2024, un assuré de 25 ans affilié au régime général dont le revenu est supérieur à 1 P (plafond annuel de la Sécurité sociale) paie environ 2 753 € par trimestre. À 40 ans, le tarif passe à 4 080 € et à 60 ans il atteint 6 472 €. Ces montants varient selon le revenu : les personnes dont le revenu est inférieur à 0,75 P bénéficient d’un tarif réduit. Dans la fonction publique, l’option 1 permet d’augmenter la durée de liquidation sans rallonger la durée d’assurance (voir fiche 45).
Option 2 : rachat pour le taux et la durée d’assurance
L’option 2 (ou « rachat pour le taux et la durée ») permet d’améliorer simultanément le taux et la durée d’assurance. Le trimestre acheté compte alors pleinement dans la durée d’assurance, ce qui augmente le numérateur de la fraction et peut diminuer la décote. Cette option est plus chère, car elle apporte un double avantage. Selon le barème 2024, le coût d’un trimestre pour une personne de 25 ans ayant un revenu supérieur à 1 P est d’environ 4 854 €. Il dépasse 6 472 € à 60 ans.
Pour les fonctionnaires, l’option 2 correspond à l’augmentation de la durée d’assurance. Ils disposent également d’une option 3 cumulant les effets des deux premières, avec un coût encore plus élevé. Les jeunes actifs fonctionnaires bénéficient d’un abattement forfaitaire lorsque la demande est formulée dans les dix ans suivant la fin des études.
Comment se calcule le prix du rachat ?
Le coût d’un trimestre racheté dépend de trois facteurs :
- Votre âge à la date de la demande : plus vous êtes jeune, moins le trimestre est cher. Les barèmes montrent que le tarif augmente fortement après 40 ans.
- Votre tranche de revenus : le barème est divisé en trois catégories selon que votre revenu des trois dernières années est inférieur à 0,75 P, compris entre 0,75 P et 1 P, ou supérieur à 1 P (P étant le plafond annuel de la Sécurité sociale).
- L’option choisie (taux seul ou taux et durée).
Le calcul peut paraître complexe, c’est pourquoi l’Assurance retraite propose un simulateur en ligne. Il permet de connaître le coût exact en fonction de votre situation. Il est conseillé d’effectuer cette simulation avant d’entamer la démarche.
Barème simplifié
À titre indicatif, voici un extrait du barème 2024 pour un trimestre racheté dans le régime général :
Âge de l’assuré | Revenu < 0,75 P – Option 1 | Revenu < 0,75 P – Option 2 | Revenu > 1 P – Option 1 | Revenu > 1 P – Option 2 |
---|---|---|---|---|
25 ans | ~1 219 € | ~1 806 € | ~2 753 € | ~4 854 € |
40 ans | ~2 065 € | ~3 060 € | ~4 080 € | ~6 472 € |
60 ans | ~3 275 € | ~4 854 € | ~4 367 € | > 6 472 € |
Ces montants proviennent du barème publié au Journal officiel le 29 décembre 2024. Ils ne tiennent pas compte des abattements pour les jeunes actifs ni des barèmes spécifiques aux assistants maternels ou aux apprentis.
Choisir son option
Le choix entre l’option 1 et l’option 2 dépend de votre situation personnelle. L’option 1 est intéressante lorsque vous disposez déjà d’un nombre de trimestres suffisant pour atteindre la durée requise mais que vous craignez une décote. L’option 2 est préférable si vous manquez de trimestres et souhaitez augmenter à la fois la durée d’assurance et le taux. Les experts retraite indiquent que la deuxième option est plus onéreuse mais permet de modifier à la fois le taux et le rapport durée acquise/durée requise, alors que l’option 1 n’agit que sur le taux.
Il est recommandé de comparer les gains potentiels avec le coût du rachat avant de prendre une décision. La suite du guide vous aidera à faire ce calcul.
Les démarches pour acheter des trimestres : simulations, formulaires et étapes
Racheter des trimestres ne s’improvise pas. La procédure se déroule en plusieurs étapes impliquant votre caisse de retraite et exigeant un suivi administratif rigoureux.
1. Vérifier l’intérêt du rachat
Avant toute démarche, il est indispensable de déterminer si le rachat est opportun. Consultez votre relevé de carrière afin de savoir combien de trimestres vous avez validés et combien il vous en manque pour atteindre le nombre requis. Les sites moncompteformation.gouv.fr et info‑retraite.fr permettent d’accéder à ces informations. Utilisez ensuite le simulateur de la Cnav pour estimer le coût du rachat et son impact sur votre pension. Les simulations sont gratuites et n’engagent pas votre responsabilité.
2. Demander une évaluation du rachat
Si le rachat semble pertinent, il convient de remplir un formulaire de demande d’évaluation. Ce document est disponible sur le site service‑public.fr. Vous y indiquez la période concernée, le nombre de trimestres envisagés et l’option choisie. La demande doit être adressée à votre Carsat (caisse d’assurance retraite) ou, pour les fonctionnaires, au service des retraites de l’État ou à la CNRACL.
La caisse dispose d’un délai de deux mois pour vérifier que les conditions de rachat sont remplies et pour vous adresser une Évaluation de versement pour la retraite (VPLR). L’absence de réponse dans les deux mois vaut rejet de la demande.
3. Recevoir l’évaluation et décider
Le document envoyé par la caisse comporte :
- le nombre de trimestres autorisés (qui peut être inférieur à votre demande) ;
- le coût total de l’opération, calculé en fonction du barème en vigueur et de l’option choisie ;
- un relevé de carrière régularisé, qui corrige éventuellement des oublis ou erreurs.
L’assuré dispose alors d’un délai pour décider s’il confirme la demande. Pour les fonctionnaires, ce délai est de trois mois.
4. Confirmer la demande de versement
Si vous décidez de poursuivre, vous devez retourner le formulaire intitulé « Confirmation d’une demande de versement » en précisant :
- le nombre de trimestres que vous souhaitez effectivement racheter ;
- l’option de rachat (taux seul ou taux et durée) ;
- les modalités de paiement.
Une fois ce document envoyé, la caisse émet un avis de paiement et la décision est définitive.
5. Payer le rachat : comptant ou échelonné
Vous pouvez régler le montant dû en une seule fois ou l’échelonner par prélèvements mensuels. Le paiement échelonné est possible à deux conditions :
- si le rachat concerne 2 à 8 trimestres, vous pouvez étaler le règlement sur 1 à 3 ans ;
- si le rachat porte sur au moins 9 trimestres, vous pouvez choisir un échelonnement sur 1, 3 ou 5 ans.
Notez que, si les versements sont échelonnés sur plus d’un an, le montant restant dû est majoré chaque année en fonction de l’indice des prix à la consommation hors tabac. Les fonctionnaires bénéficient également de la possibilité d’échelonner le paiement pour les rachats effectués dans les dix ans suivant la fin des études.
6. Enregistrer le paiement et suivre sa carrière
Une fois le paiement effectué, les trimestres rachetés sont portés sur votre relevé de carrière. Conservez soigneusement tous les justificatifs (factures, relevés, attestations). Vérifiez régulièrement votre compte retraite pour vous assurer que les trimestres ont été correctement pris en compte. En cas de litige ou de refus de la Carsat, vous disposez de voies de recours.
Analyse financière : effet du rachat sur la pension de retraite et l’intérêt économique
Le rachat de trimestres représente souvent une dépense importante ; il doit donc être évalué comme un investissement. Cette section vous aide à apprécier l’impact du rachat sur votre pension et à estimer le retour sur investissement.
Effet sur la pension de base
La pension de base est calculée en multipliant votre salaire annuel moyen (moyenne des 25 meilleures années), le taux (maximum 50 %) et le ratio entre la durée validée et la durée requise. Le rachat peut influer sur ces deux derniers éléments :
- En améliorant le taux, vous réduisez la décote. Chaque trimestre manquant génère une décote de 0,625 point sur le taux. Si vous manquez 8 trimestres, votre taux est diminué de 5 points (8 × 0,625 %), soit 45 % au lieu de 50 %. En rachetant ces 8 trimestres (option 1), vous retrouvez le taux plein.
- En augmentant la durée d’assurance, vous augmentez le ratio. Si vous partez avec 159 trimestres au lieu des 170 exigés, le ratio est de 159/170 = 0,935. Racheter 11 trimestres (option 2) vous permet d’atteindre 170 trimestres et d’obtenir un ratio de 1.
L’augmentation de votre pension dépend de votre salaire moyen et du nombre de trimestres rachetés. Par exemple, pour un salaire annuel moyen de 30 000 €, la différence entre un taux de 43,125 % (en cas de 11 trimestres manquants) et de 50 % représente environ 2 067 € par an. Au fil des années, la pension cumulée peut compenser le coût initial du rachat.
Effet sur la retraite complémentaire Agirc‑Arrco
Le rachat de trimestres n’ajoute pas de points à votre retraite complémentaire. Cependant, il vous permet d’atteindre le taux plein dans le régime de base, condition nécessaire pour éviter la minoration temporaire (bonus-malus) de l’Agirc‑Arrco. Depuis la suppression du coefficient de solidarité pour les pensions liquidées à partir d’avril 2024, cette minoration temporaire a disparu, mais l’idée demeure : partir à taux plein dans le régime de base évite toute pénalité dans la complémentaire. Par ailleurs, l’Agirc‑Arrco autorise le rachat de points pour les années d’études et les années incomplètes, dans la limite de 70 points par année d’études. Le coût de ces points correspond à leur valeur d’achat multipliée par la valeur du point (1,4159 € en 2025) et s’ajoute au prix du rachat au régime de base.
Retour sur investissement
Pour savoir si le rachat est rentable, comparez le coût total à la hausse annuelle de pension. Divisez le coût par le supplément annuel pour obtenir le nombre d’années nécessaires pour amortir l’investissement. Par exemple :
- Racheter 4 trimestres à 45 ans (option 2) peut coûter environ 12 000 €. Si cela augmente votre pension de 1 500 € brut par an, l’investissement est amorti en huit ans. Au‑delà de cette durée, vous bénéficiez d’un gain net.
- Pour un assuré de 58 ans proche du départ, racheter des trimestres peut coûter plus de 20 000 € pour un gain de 1 000 € par an. Dans ce cas, l’investissement est amorti au bout de vingt ans et peut être moins intéressant si l’espérance de vie ou d’autres paramètres réduisent le gain attendu.
Facteurs qui limitent l’intérêt du rachat
- La date de départ : si vous envisagez de travailler après 67 ans, le rachat est inutile car vous obtiendrez le taux plein sans décote.
- Les périodes assimilées : des périodes de chômage indemnisé ou de maladie peuvent vous permettre de valider des trimestres gratuitement.
- La réforme des retraites 2023 : le report de l’âge légal à 64 ans et la hausse de la durée d’assurance requise rendent certains rachats effectués avant avril 2023 inutiles. La loi prévoit un remboursement pour les assurés nés après le 1ᵉʳ septembre 1961 qui en font la demande avant le 14 avril 2025.
Évaluez soigneusement ces facteurs avant de vous lancer dans un rachat qui pourrait s’avérer superflu.
Régularisation d’apprentissage, aide familial et autres dispositifs spécifiques
Outre les versements pour la retraite, plusieurs mécanismes permettent de régulariser des périodes de travail insuffisamment cotisées ou non déclarées. Ces dispositifs concernent principalement les apprentis et les aides familiaux agricoles, mais d’autres catégories peuvent en bénéficier.
Régularisation des périodes d’apprentissage
Les personnes ayant réalisé un contrat d’apprentissage avant janvier 2014 n’ont pas toujours validé autant de trimestres que leur durée de travail. La réforme de 2014 a instauré un rachat à moindre coût pouvant porter sur quatre trimestres. Le montant à verser correspond aux cotisations employeur et salarié, majorées de 75 % de la valeur trimestrielle du plafond de la Sécurité sociale. Depuis septembre 2023, ces trimestres rachetés sont considérés comme cotisés et comptent pour la retraite anticipée. L’assuré doit fournir la copie du contrat d’apprentissage ou les bulletins de salaire afférents.
Pour les contrats d’apprentissage postérieurs à 2014, la législation a renforcé les droits : chaque mois civil entier d’exécution du contrat ouvre droit à un mois d’assurance vieillesse, et un trimestre est validé pour trois mois consécutifs. Le surcoût est pris en charge par le Fonds de solidarité vieillesse.
Régularisation des années d’apprentissage d’avant 1972
Avant juillet 1972, les cotisations des apprentis reposaient sur une assiette forfaitaire très faible. Les trimestres portés au compte ne correspondaient pas toujours à la durée réelle de l’activité. Les apprentis peuvent régulariser ces périodes en versant des cotisations arriérées calculées en fonction de l’assiette de l’époque, des coefficients de revalorisation et d’une actualisation de 2,5 % par année écoulée. Il faut néanmoins prouver la réalité de la période d’apprentissage en produisant des contrats, des bulletins de salaire ou des attestations délivrées par les chambres consulaires.
Aide familial agricole
L’aide familial agricole est une personne qui participe à l’exploitation familiale sans être rémunérée ni affiliée au régime des salariés agricoles. La régularisation de ces périodes est possible si l’activité a eu lieu après le 1ᵉʳ juillet 1952 et avant l’âge d’affiliation obligatoire. Les bénéficiaires doivent apporter la preuve de leur lien de parenté avec le chef d’exploitation et l’absence d’affiliation à un autre régime. Ils doivent également fournir une déclaration sur l’honneur signée par deux témoins exerçant dans la même commune.
Autres régularisations et rachats
En dehors de ces cas, il est possible de racheter des cotisations pour des périodes durant lesquelles vous étiez :
- expatrié, si vous n’étiez pas affilié au régime français ;
- tierce personne bénévole auprès d’un membre de votre famille invalide ;
- rapatrié ou sportif de haut niveau, lorsqu’aucun autre régime n’a validé la période.
Ces rachats relèvent de lois spécifiques et sont souvent coûteux. Ils doivent être étudiés au cas par cas.
Fiscalité et retraite complémentaire : déduction d’impôt et effet sur l’Agirc‑Arrco
L’aspect fiscal est l’un des atouts majeurs du rachat de trimestres. Dans le régime général comme pour les fonctionnaires, les sommes versées pour la retraite sont intégralement déductibles du revenu imposable. Cette déduction s’applique l’année du paiement, même si le versement est échelonné. Ainsi, un rachat de 10 000 € peut réduire votre base imposable et se traduire par un gain fiscal important selon votre taux marginal d’imposition.
Déclaration du rachat aux impôts
Les versements pour la retraite doivent être portés dans la case dédiée des déclarations de revenus. Le formulaire en ligne de l’administration fiscale propose une rubrique « Sommes versées pour le rachat de trimestres ». Il convient d’y indiquer le montant total versé au cours de l’année, même si la demande n’est pas encore finalisée. En cas de paiement échelonné, vous déclarez chaque année le montant effectivement payé. Un justificatif fourni par la Carsat ou le service des retraites de l’État doit être conservé en cas de contrôle.
Effet sur la retraite complémentaire Agirc‑Arrco
Le rachat de trimestres au régime de base n’augmente pas les points de retraite complémentaire. Toutefois, comme le rappelle Malakoff Humanis, racheter des trimestres pour éviter la décote dans le régime de base vous permet de liquider votre retraite complémentaire sans abattement. Autrement dit, vous ne subirez pas la minoration temporaire qui s’appliquait autrefois aux assurés partant sans justifier d’un taux plein. Par ailleurs, l’Agirc‑Arrco propose son propre dispositif de rachat de points pour les périodes d’études et d’années incomplètes. Le coût se calcule en multipliant le nombre de points souhaité par la valeur du point (1,4159 € en 2025). Ces points s’ajoutent directement à votre compte et augmentent votre pension complémentaire.
Prise en compte dans la stratégie globale
Avant de racheter des trimestres, examinez si vous avez intérêt à privilégier d’autres leviers :
- Poursuivre votre activité quelques mois ou années supplémentaires pour valider les trimestres manquants sans frais ;
- Acheter des points Agirc‑Arrco si votre pension complémentaire s’annonce faible et que vous êtes loin du plafond de déduction fiscale ;
- Souscrire un plan d’épargne retraite (PER), qui offre une déduction fiscale similaire mais permet de constituer un capital ou une rente flexible.
Dans tous les cas, il est conseillé de consulter un conseiller spécialisé pour établir une stratégie adaptée à votre situation.
Conclusion et conseils pratiques
Le rachat de trimestres est un outil puissant pour optimiser votre retraite, mais il doit être utilisé à bon escient. Voici les principaux messages à retenir :
- Anticipez : plus vous êtes jeune, moins le coût du rachat est élevé. Utilisez les simulateurs pour connaître l’impact financier et n’attendez pas la dernière année pour agir.
- Vérifiez votre relevé de carrière et corrigez les anomalies avant de racheter. Parfois, des périodes oubliées peuvent être validées gratuitement via la régularisation de périodes travaillées.
- Choisissez la bonne option (taux seul ou taux + durée) en fonction de votre déficit de trimestres. L’option 2 est plus chère mais plus complète.
- Profitez des abattements pour jeunes actifs et des barèmes spécifiques pour les apprentis et assistants maternels si vous êtes concerné.
- Intégrez la dimension fiscale : la déduction des sommes versées réduit le coût réel du rachat. Calculez votre gain net en fonction de votre taux d’imposition.
- Pensez à la retraite complémentaire : atteindre le taux plein dans le régime de base permet de ne pas subir de minoration temporaire dans l’Agirc‑Arrco, mais n’oubliez pas que le rachat de trimestres n’ajoute pas de points complémentaires.
- Considérez les alternatives : continuer à travailler, acheter des points dans la complémentaire ou souscrire un PER peuvent être plus avantageux selon votre profil.
En résumé, le rachat de trimestres est une solution à la fois technique et personnalisée. Il mérite d’être étudié en profondeur, avec l’aide d’un professionnel si nécessaire, afin de prendre la décision la plus pertinente pour votre retraite.
FAQ : questions fréquentes sur le rachat de trimestres
La rubrique suivante reprend les questions les plus courantes posées par les internautes. Elle insiste sur les mots‑clés recensés dans les recherches pour améliorer la visibilité de cet article.
Combien coûte le rachat de trimestres ?
Le prix dépend de votre âge, de votre niveau de revenu et de l’option choisie (taux seul ou taux et durée). En 2024, un trimestre coûte entre 1 200 € et plus de 6 400 €. Le coût augmente avec l’âge et est plus élevé pour l’option « taux et durée ». Un simulateur en ligne permet de connaître le montant exact.
Quelle est la différence entre l’option 1 et l’option 2 ?
L’option 1 (taux seul) améliore uniquement le taux de liquidation, tandis que l’option 2 (taux et durée) augmente à la fois le taux et la durée d’assurance. La deuxième option est plus chère mais offre un gain plus important sur la pension. Dans la fonction publique, il existe une option 3 qui cumule les effets des deux premières.
Peut‑on racheter plus de 12 trimestres ?
Non. Le nombre de trimestres pouvant être rachetés est limité à douze pour les études supérieures et les années incomplètes. Pour les apprentis, un rachat spécifique de quatre trimestres maximum est possible.
Le rachat est‑il déductible des impôts ?
Oui. Les sommes versées pour la retraite sont entièrement déductibles du revenu imposable. Il convient de les déclarer dans la case dédiée de votre déclaration de revenus.
Faut‑il déclarer le rachat de trimestres sur la déclaration de revenus ?
Oui. Vous devez déclarer les sommes versées chaque année dans la rubrique « Sommes versées pour le rachat de trimestres ». Conservez les justificatifs fournis par votre caisse de retraite.
Comment remplir le formulaire de rachat de trimestres ?
Le formulaire « Demande d’évaluation de rachat pour la retraite de vos années d’études supérieures » est disponible sur service‑public.fr. Vous devez y indiquer les périodes concernées, le nombre de trimestres souhaité et l’option choisie.
Comment payer le rachat ?
Vous pouvez payer comptant ou étaler le paiement sur plusieurs années si vous rachetez au moins deux trimestres. Le paiement échelonné est possible sur 1 à 3 ans pour 2 à 8 trimestres et sur 1, 3 ou 5 ans pour 9 trimestres ou plus.
Peut‑on racheter des trimestres après avoir liquidé sa pension ?
Non. Le rachat n’est possible que tant que votre pension n’a pas été attribuée. Une fois la retraite liquidée, il est trop tard pour acheter des trimestres.
Le rachat de trimestres compte‑t‑il pour la retraite anticipée pour carrière longue ?
Non. Depuis 2008, les trimestres achetés au titre des études supérieures ou des années incomplètes ne sont pas considérés comme des périodes d’activité effective et ne sont donc pas pris en compte pour l’ouverture du droit à la retraite anticipée. Seuls les trimestres rachetés pour l’apprentissage sont désormais considérés comme cotisés.
Est‑il possible de racheter des trimestres d’études effectuées à l’étranger ?
Oui, si l’établissement est situé dans l’Espace économique européen, en Suisse ou dans un pays lié à la France par une convention de sécurité sociale et si le diplôme est reconnu comme équivalent.
Quelles sont les conséquences d’un rachat sur la retraite complémentaire ?
Le rachat ne crée pas de points supplémentaires, mais il permet de liquider sa pension complémentaire sans pénalité si l’on atteint le taux plein dans le régime de base. Il est possible, en parallèle, de racheter des points Agirc‑Arrco dans la limite de 70 points par année d’études.
Le rachat est‑il remboursable si je n’en ai plus besoin ?
La réforme des retraites de 2023 prévoit le remboursement des rachats devenus inutiles pour les assurés nés après le 1ᵉʳ septembre 1961, à condition d’en faire la demande avant le 14 avril 2025.
Existe‑t‑il d’autres moyens pour améliorer ma retraite ?
Oui : travailler plus longtemps pour valider des trimestres, racheter des points Agirc‑Arrco, souscrire un plan d’épargne retraite ou investir dans des solutions d’épargne individuelle. Étudiez toutes les options avant de décider.
Ce guide se veut exhaustif et à jour des dernières réformes connues. Si vous envisagez un rachat de trimestres, n’hésitez pas à consulter un conseiller en retraite pour valider vos choix.