Retraite anticipée pour incapacité permanente
Sommaire
- 🕑 Pour les lecteurs pressés – Points clés sur la Retraite anticipée pour incapacité permanente
- 📘 Vocabulaire essentiel à connaître pour mieux comprendre la Retraite anticipée pour incapacité permanente
- Définition de l’incapacité permanente et retraite anticipée
- Conditions pour une incapacité permanente ≥ 20 %
- Départ anticipé pour une incapacité de 10 à 20 %
- Calcul de la pension et taux plein
- Rentes d’incapacité permanente et compatibilité avec la retraite
- Demande et démarches pour obtenir la retraite anticipée
- Réforme et évolutions récentes
- Cas particuliers et exceptions
- Invalidité, inaptitude et autres dispositifs
- Conclusion et FAQ
Article mis à jour le 1 août, 2025
🕑 Pour les lecteurs pressés – Points clés sur la Retraite anticipée pour incapacité permanente
- Départ à 60 ans possible pour une incapacité permanente ≥ 20 %.
- Départ 2 ans avant l’âge légal si IP entre 10 et 20 % + exposition à des risques ≥ 17 ans.
- Aucune condition de trimestres si IP ≥ 20 % : retraite au taux plein (50 %).
- Rente d’incapacité cumulable avec la pension et non imposable.
- Pas de retraite anticipée pour les accidents de trajet.
- Demande à déposer 4 mois avant la date souhaitée de départ.
- Réforme 2023 : fin de la condition d’identité de lésions pour les IP 10–20 %.
- Les fonctionnaires relèvent d’un régime spécifique (IP ≥ 50 %).
📘 Vocabulaire essentiel à connaître pour mieux comprendre la Retraite anticipée pour incapacité permanente
- Incapacité permanente (IP)
- Perte définitive de la capacité de travail due à un accident du travail ou une maladie professionnelle, donnant droit à une rente.
- Retraite anticipée pour IP
- Dispositif permettant un départ avant l’âge légal pour les assurés avec un taux d’IP ≥ 10 %, sous conditions.
- Taux d’incapacité
- Pourcentage déterminant les droits à indemnisation et à départ anticipé. Seuils clés : 10 % et 20 %.
- AT-MP
- Accidents du travail et maladies professionnelles. Ce cadre juridique conditionne l’accès au dispositif.
- Taux plein
- Taux de liquidation de 50 % sans décote, même en l’absence de durée d’assurance complète.
- Exposition aux risques
- Période pendant laquelle un salarié a exercé un travail pénible (ex : nuit, vibrations, produits toxiques). Nécessaire entre 10 % et 20 % d’IP.
- DUERP
- Document unique d’évaluation des risques professionnels, servant de preuve en cas de demande pour IP entre 10 % et 20 %.
- Commission pluridisciplinaire
- Instance qui valide le lien entre incapacité et exposition aux risques pour certains cas d’IP < 20 %.
Définition de l’incapacité permanente et retraite anticipée
En France, l’incapacité permanente (IP) est la perte définitive de la capacité de travail à la suite d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. Elle se distingue de l’invalidité, qui renvoie à une atteinte à la santé entraînant une incapacité générale de travail, quel qu’en soit l’origine. Lorsque le taux d’incapacité reconnu est inférieur à 10 %, l’indemnisation se fait sous la forme d’un capital unique ; au‑delà de 10 %, l’assuré perçoit une rente viagère (périodique). La rente d’AT‑MP est indépendante de la retraite : elle peut être versée à vie et n’est pas soumise à l’impôt.
La retraite anticipée pour incapacité permanente a été créée pour les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles qui ont conservé une séquelle durable. Sous certaines conditions, elle permet de liquider sa pension plus tôt que l’âge légal tout en bénéficiant d’un taux plein de 50 %. Ce dispositif est distinct de la retraite pour invalidité ou inaptitude, qui concerne d’autres situations (invalidité non professionnelle, handicap ou impossibilité d’exercer son emploi). Enfin, les accidents de trajet entre le domicile et le lieu de travail ne donnent pas droit à cette retraite anticipée.
Conditions pour une incapacité permanente ≥ 20 %
Pour bénéficier d’un départ anticipé avec un taux d’incapacité de 20 % ou plus, il faut :
- être âgé d’au moins 60 ans (cette borne n’a pas été décalée par la réforme de 2023) ;
- justifier d’une incapacité permanente résultant d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle ;
- si l’IP découle d’un accident du travail, l’atteinte doit être identique aux lésions reconnues pour une maladie professionnelle. Cette vérification médicale est assurée par un médecin‑conseil de la caisse de retraite ;
- aucune condition de trimestres n’est exigée : la pension est versée à taux plein (50 %) même si l’assuré ne totalise pas la durée d’assurance requise.
Le taux d’incapacité peut résulter de plusieurs rentes. Les pourcentages se cumulent si l’une des incapacités est au moins égale à 10 %. Contrairement aux incapacités inférieures, aucune durée d’exposition à des facteurs de risques n’est exigée pour ce seuil : les assurés concernés peuvent partir dès 60 ans même si l’âge légal augmente progressivement jusqu’à 64 ans.
Départ anticipé pour une incapacité de 10 à 20 %
Pour les assurés présentant un taux d’incapacité permanente compris entre 10 % et 20 %, le départ anticipé est possible jusqu’à deux ans avant l’âge légal. Avec l’augmentation de l’âge légal à 64 ans d’ici 2030, cela signifie un départ entre 60 et 62 ans selon l’année de naissance. Les conditions supplémentaires sont :
- avoir été exposé pendant au moins 17 ans (68 trimestres) à des facteurs de risques professionnels ou avoir validé 68 trimestres si l’IP est due à une maladie professionnelle ;
- fournir les preuves de cette exposition : fiches de paie, attestations de caisse et Document unique d’évaluation des risques (DUERP) lorsque l’activité salariée est concernée ;
- obtenir l’avis favorable d’une commission pluridisciplinaire qui vérifie le lien entre l’exposition et l’incapacité. Cette commission n’est pas saisie si l’incapacité résulte d’une maladie professionnelle ou si l’assuré a validé 68 trimestres.
Les facteurs de risque pris en compte sont la pénibilité au travail (travail de nuit, en équipes alternantes, sous terre ou sous l’eau), le port de charges lourdes, les vibrations mécaniques, les postures pénibles et l’exposition à des agents chimiques dangereux. Le travail doit avoir été réellement effectué : les périodes d’absences ou d’arrêt maladie ne comptent pas dans la durée d’exposition. Dans tous les cas, les accidents de trajet sont exclus du dispositif.
Calcul de la pension et taux plein
Lorsque la demande de retraite anticipée est acceptée, la pension de base est liquidée à taux plein (50 % du salaire de référence) quels que soient les trimestres cotisés. Cela signifie que l’assuré ne subit pas de décote pour carrière incomplète. Cependant, le montant versé est proportionnel au nombre de trimestres validés : si l’assuré n’a pas validé la durée d’assurance requise (43 annuités pour les générations de 1965 à 1967, 172 trimestres pour les générations 1968 et suivantes), sa pension sera réduite au prorata. La complémentaire Agirc‑Arrco est également servie à taux plein, sans abattement, même si l’âge de référence n’est pas atteint.
En revanche, la rente d’incapacité permanente n’est pas intégrée dans le calcul de la pension. La rente reste versée en sus et ne diminue pas le montant de la retraite. Cette séparation permet de compenser durablement la perte de capacité de travail tout en préservant les droits à la retraite..
Rentes d’incapacité permanente et compatibilité avec la retraite
Les victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle perçoivent une indemnisation sous forme de rente ou de capital selon leur taux d’incapacité. Pour les IP inférieures à 10 %, un capital unique est versé ; au‑delà de 10 %, la rente est viagère et versée trimestriellement jusqu’à 50 % ou mensuellement au‑delà. Cette rente est calculée en appliquant le taux d’incapacité à un salaire annuel de référence et peut être réversible au conjoint.
Contrairement à certains régimes étrangers, en France la rente d’AT‑MP est cumulable avec la retraite. Elle ne réduit pas le montant de la pension et continue à être versée après la liquidation des droits. Les personnes percevant une rente d’incapacité peuvent également bénéficier d’une surcote s’ils choisissent de prolonger leur activité après l’âge d’ouverture des droits. Les rentes ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu, mais elles doivent être déclarées pour le calcul de certaines prestations sociales.
Demande et démarches pour obtenir la retraite anticipée
La demande de retraite anticipée doit être déposée quatre mois avant la date souhaitée de départ. Il ne faut pas cesser son activité tant que l’accord n’est pas notifié. Les démarches diffèrent selon que l’on relève de la caisse d’assurance retraite (CNAV) ou de la mutualité sociale agricole (MSA), mais les pièces à fournir sont similaires :
- formulaire de demande de retraite anticipée (Cerfa) : il s’agit de la demande unique de retraite pour l’ensemble des régimes de base ;
- notification de la rente d’accident du travail ou de maladie professionnelle ou, à défaut, notification du taux d’incapacité permanente délivrée par la caisse primaire d’assurance maladie ;
- pour les IP de 10 à 20 % : justificatifs d’exposition aux facteurs de risque (bulletins de salaire mentionnant les travaux de nuit, attestations d’exposition au bruit ou aux produits chimiques, etc.), document unique d’évaluation des risques et pièces prouvant la durée d’exposition.
Si la demande concerne une IP comprise entre 10 et 20 %, le dossier est examiné par une commission pluridisciplinaire. Un avis favorable est indispensable pour pouvoir liquider la pension avant l’âge légal. Pour les IP d’au moins 20 %, le passage en commission n’est pas systématique : la caisse vérifie uniquement que la lésion ouvre droit au dispositif.
Réforme et évolutions récentes
La réforme des retraites entrée en vigueur le 1er septembre 2023 porte l’âge légal de départ à 64 ans à l’horizon 2030. Elle n’a pas remis en cause le dispositif d’incapacité permanente mais a apporté des ajustements. La principale évolution est la suppression de la condition d’identité de lésions pour les taux d’IP entre 10 et 20 % : il n’est plus nécessaire de démontrer que les séquelles de l’accident du travail sont identiques à celles d’une maladie professionnelle. La réforme a également ouvert l’accès aux travailleurs indépendants ayant souscrit volontairement une assurance AT‑MP et aux chefs d’entreprise des régimes agricoles.
En parallèle, la réforme maintient l’obligation de 17 ans d’exposition pour les IP de 10 à 20 % et confirme le départ à 60 ans pour les IP d’au moins 20 %. Pour les fonctionnaires, la réforme ne modifie pas les règles spécifiques : l’invalidité ou l’incapacité doit atteindre au moins 50 % et la durée de services doit être suffisante (110 trimestres à 55 ans dans l’exemple du service des retraites de l’État). Enfin, l’ancienne condition de 43 annuités reste nécessaire pour obtenir un taux plein hors dispositif d’incapacité.
Cas particuliers et exceptions
Plusieurs situations particulières justifient des règles dérogatoires :
- Fonction publique : le régime de la fonction publique d’État ne relève pas du dispositif AT‑MP. Un fonctionnaire ne peut partir en retraite anticipée pour incapacité permanente que si son incapacité atteint au moins 50 % ou s’il bénéficie de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé ; il doit aussi justifier d’une durée minimale de services (110 trimestres à 55 ans par exemple).
- Polypensionnés : les salariés ayant cotisé à plusieurs régimes peuvent bénéficier du dispositif pour la partie générale ; la complé¬mentaire Agirc‑Arrco est servie sans abattement et les autres régimes appliquent leurs propres règles.
- Accidents de trajet : les accidents survenus pendant le trajet domicile‑travail n’ouvrent pas droit à la retraite anticipée pour incapacité permanente.
- Autres indemnisations : le bénéfice de l’allocation amiante ou d’une pension d’invalidité n’est pas cumulable avec cette retraite anticipée. En revanche, la rente d’incapacité est cumulable avec la pension.
Par ailleurs, certaines professions (agriculteurs non salariés avant 2002, marins, personnel navigant) disposent de règles propres qui doivent être vérifiées auprès de leur caisse. Les travailleurs exposés à l’amiante peuvent bénéficier d’un départ à 50 ans, mais ce dispositif relève d’un régime spécifique (FIVA).
Invalidité, inaptitude et autres dispositifs
Il est important de distinguer la retraite pour incapacité permanente des autres dispositifs d’anticipation :
- Retraite pour inaptitude au travail : accessible à partir de 62 ans, elle concerne les salariés définitivement inaptes à exercer tout emploi suite à une décision du médecin‑conseil. La pension est liquidée à taux plein sans décote, mais il n’y a pas de rente d’AT‑MP.
- Retraite pour invalidité : dans la fonction publique, elle est accordée sans condition d’âge lorsque l’agent n’est plus en mesure d’exercer ses fonctions et qu’aucun reclassement n’est possible. La pension est calculée en fonction des années de service et du taux d’invalidité.
- Retraite des travailleurs handicapés : depuis le 1er septembre 2023, les assurés présentant un handicap reconnu d’au moins 50 % peuvent liquider leur pension dès 55 ans à taux plein. Ils n’ont plus besoin de justifier d’une durée cotisée en qualité de travailleur handicapé comme auparavant.
- Carrière longue et pénibilité généralisée : la retraite anticipée pour carrière longue reste distincte ; elle permet un départ dès 58 ans en justifiant d’un début d’activité très jeune et d’une durée d’assurance complète. La retraite pour pénibilité (ex‑compte pénibilité) permet également de partir plus tôt en convertissant les points de pénibilité en trimestres, sans rapport direct avec l’incapacité permanente.
Chacun de ces dispositifs répond à des conditions spécifiques. Un entretien personnalisé auprès de sa caisse de retraite ou d’une association spécialisée permet de déterminer lequel s’applique à sa situation.
Conclusion et FAQ
La retraite anticipée pour incapacité permanente est un dispositif protecteur pour les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Selon le taux d’incapacité et l’âge, elle permet un départ à 60 ans ou deux ans avant l’âge légal, sans pénalité. Toutefois, les conditions d’accès sont strictes : nature professionnelle de l’atteinte, taux d’incapacité confirmé, durée d’exposition aux facteurs de risques et validation par une commission pour les IP inférieures à 20 %. La rente d’incapacité est cumulable avec la pension et reste versée à vie. En cas de doute, il est recommandé de se rapprocher de sa caisse de retraite ou d’un conseiller spécialisé pour préparer son départ.
FAQ : vos questions fréquentes
1. Quelle est la différence entre incapacité permanente et invalidité ?
L’incapacité permanente est la conséquence d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle ; elle donne droit à une rente viagère et, sous conditions, à une retraite anticipée. L’invalidité concerne toute maladie ou accident (professionnel ou non) entraînant une incapacité d’exercer son emploi ; la pension d’invalidité est remplacée par une retraite pour inaptitude à l’âge légal.
2. À quel âge puis‑je partir si j’ai un taux d’incapacité de 20 % ou plus ?
Les assurés dont le taux d’IP est supérieur ou égal à 20 % peuvent liquider leur pension à 60 ans sans conditions de trimestres. L’âge légal relevé à 64 ans n’a pas d’incidence sur cette borne.
3. Dois‑je justifier de 17 ans d’exposition si mon IP est de 20 % ?
Non : la condition d’exposition de 17 ans concerne uniquement les IP comprises entre 10 % et 20 %. Au‑delà de 20 %, aucun historique d’exposition n’est requis.
4. Comment ma pension est‑elle calculée ?
La pension de base est liquidée au taux plein de 50 % sans décote. Le montant effectif dépend du nombre de trimestres validés. La rente d’incapacité ne diminue pas le montant de la pension.
5. Puis‑je cumuler ma rente d’AT‑MP avec ma retraite ?
Oui. La rente viagère versée pour l’incapacité permanente est cumulable intégralement avec la pension de retraite. Elle reste versée après la liquidation et n’est pas imposable.
6. Quels documents dois‑je fournir pour ma demande ?
Vous devez déposer une demande unique de retraite (Cerfa), la notification de votre rente ou de votre taux d’incapacité et, si votre IP est comprise entre 10 et 20 %, toutes les preuves d’exposition aux risques professionnels (bulletins de salaire, attestations, DUERP, etc.).
7. Les accidents de trajet sont‑ils pris en compte ?
Non. Seuls les accidents survenus sur le lieu de travail ou dans le cadre de l’activité professionnelle et les maladies professionnelles ouvrent droit à cette retraite anticipée. Les accidents de trajet sont exclus.
8. La réforme de 2023 a‑t‑elle modifié le dispositif ?
La réforme a relevé l’âge légal à 64 ans et supprimé la condition d’identité des lésions pour les IP de 10 à 20 %. Elle a confirmé le départ à 60 ans pour les IP ≥ 20 % et maintenu l’exigence de 17 ans d’exposition pour les IP 10 – 20 %.
9. Que se passe‑t‑il si je suis fonctionnaire ?
Les fonctionnaires sont soumis à un régime spécifique : la retraite pour invalidité s’applique en cas d’incapacité d’au moins 50 % et requiert une durée minimale de service. Le dispositif AT‑MP de la CNAV ne s’applique pas.
10. Puis‑je cumuler ce dispositif avec une retraite pour carrière longue ou une pension d’invalidité ?
Non. La retraite anticipée pour incapacité permanente ne se cumule pas avec l’allocation amiante ni avec la pension d’invalidité. Elle est distincte de la retraite pour carrière longue ou du dispositif pour travailleurs handicapés, qui obéissent à d’autres conditions. Toutefois, rien n’empêche de vérifier l’éligibilité à ces autres dispositifs si l’on ne remplit pas les critères de l’IP.